“Mayday, mayday, mayday” : appeler à l’aide, cela s’apprend !

DSS 2021

Cette expression internationalement reconnue est un appel à l’aide, un appel pour un sauvetage d’urgence. Passer cet appel n’est pas toujours facile pour les membres des services de sécurité et d’urgence.

Peur de l’utiliser trop tôt, par orgueil, inutilement, manque de discernement dû à l’incident : les raisons sont variées et il est parfois trop tard…

C’est pour pallier à son utilisation insuffisante et pourtant essentielle à l’intégrité physique des sauveteurs que l’Ecole du Feu de la Province de Liège organise une formation « Sauvetage de sauveteurs » à l’intention des sapeurs-pompiers.

« Plus de 50 % des maydays sont donnés trop tard » explique d’emblée Sébastien Baeke, formateur à l’Ecole du Feu. « Le faire assez tôt permet de laisser le temps à vos collègues de venir vous sauver », ajoute-t-il pour bien faire comprendre qu’il ne faut pas hésiter à lancer cet appel à l’aide. « Lancer un mayday, c’est s’acheter du temps de vie ». Et au-delà de cette démarche, une fois le mayday lancé, en attendant l’arrivée des secours, « il faut encore gérer la consommation d’air de l’ARI (appareil respiratoire isolant) pour ne pas manquer d’air avant d’être secouru ». Pour cela, il est impératif de rester calme, de maîtriser sa respiration et cela s’apprend.  

Dans un milieu majoritairement masculin, la démarche n’est pas évidente, les intervenants doivent être mentalement prêts à lancer cet appel. « Cette formation se donne depuis 5 ans et les choses sont en train de changer. »

Quand et comment lancer le mayday ?

Pour être efficace, un mayday doit être bien lancé. Comment ? En débutant par le « short mayday », suivi du « full mayday ». Le « short mayday » consiste à répéter 3 fois dans le même message le terme « mayday », en s’identifiant et se localisant jusqu’à obtenir un « accusé de réception » du message de détresse de la part du responsable de l’opération. Ce premier message doit être bref et clair. Lorsque cette confirmation arrive, il faut alors émettre le « full mayday », qui indique avec précision sa situation et donne des informations utiles au sauvetage : état psychologique, physique, réserve d’air disponible, intention de déplacement…

Bien se localiser est évidemment une information précieuse pour être sauvé le plus rapidement possible. Façade alpha, bravo… : il faut être le plus précis possible. Conventionnellement, l’adresse du bâtiment est la façade alpha.

L’indispensable lucidité

Mais pour donner toutes ces informations de façon claire et précise, il est essentiel que le sauveteur en situation de danger soit lucide. Manque d’air et stress sont des facteurs qui influencent sa lucidité et mettent en péril le processus du mayday.

C’est donc pour se préparer au mieux à ces situations que les sapeurs-pompiers s’entraînent lors d’exercices spécifiques.

Des exercices pour gérer le stress et la respiration

Un des exercices, à faire en duo, est celui du puzzle. Le principe est certes simple d’apparence, mais il permet une prise de conscience de la lucidité réelle en situation de manque d’air. Les sapeurs-pompiers disposent d’un seul ARI par duo. A tour de rôle, ils doivent réaliser un puzzle, en apnée. Dès qu’ils sentent qu’ils vont arriver au bout de leur réserve d’air, ils doivent repartir, tôt assez, pour reconstituer leur réserve d’air. Au fur et à mesure de l’exercice, la concentration diminue. « La capacité de concentration diminue au fur et à mesure des allers-retours car la prise d’air dans l’ARI ne suffit pas à compenser l’absence d’air pendant l’avancement du puzzle », explique Sébastien Baeke.

Un autre exercice consiste à se mettre en situation d’attente de renfort, avec une faible réserve d’air, 50 bars, c’est-à-dire 1/6 de la pleine capacité. Cela permet à chacun de se situer quant au temps dont il dispose avant d’être à court d’air et de comprendre l’importance de l’appel mayday au bon moment. « Le temps disponible varie selon l’intensité de la respiration, le stress… »

Ensuite, les sapeurs-pompiers doivent réaliser un parcours d’obstacles avec une visière totalement occultée. La finalité de cet exercice est de prendre conscience du moment auquel le mayday doit être lancé pour être sauvé. « Le passage de ces obstacles a un double objectif : d’abord caler le sapeur-pompier dans sa progression et déclencher le réflexe du lancement du mayday et ensuite lui apprendre à gérer le stress et la réserve d’air en attendant le renfort. Ce n’est pas l’effort physique qui est le plus important dans cet exercice, c’est l’effort mental qui a une répercussion sur l’état physique. »

 « Dix-huit collègues sont décédés et soixante-deux ont été blessés en douze ans en Belgique. Il faut donc prendre l’habitude de faire un mayday », conclut Sébastien Baeke.


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