L’actualité a déjà montré l’importance d’une intervention collective coordonnée des intervenants de la sécurité et de l’urgence. Pour permettre cette collaboration efficace en cas de catastrophe réelle, les professionnels s’exercent régulièrement ensemble, lors d’exercices de simulation, les exercices CrisExInter.
Les 5 disciplines impliquées lors d’une catastrophe sont le service d’incendie (D1), l’aide médicale urgente (D2), la police (D3), la logistique (D4) et enfin l’information (D5). Pour assurer au mieux la sécurité des citoyens, il est impératif que chaque intervenant connaisse le rôle et les besoins des autres mais sache également ce qu’il convient d’éviter pour permettre une action efficace d’un autre intervenant de terrain. Sécurisation de la zone avant l’intervention des secours, relevé de traces de preuves au préalable du passage de secouristes, diffusion d’informations, … les règles à respecter sont nombreuses et variées.
Les exercices proposés utilisent une technologie suédoise, l’Emergo Train System, qui permet une modélisation de l’endroit de la crise et des moyens d’interventions, et chaque participant a un rôle à jouer dans cette mise en scène particulièrement réaliste.
Quand un pont s’écroule sur une brocante
Le scénario varie à chaque exercice interdisciplinaire. Le dernier en date, qui vient de se dérouler à la Maison provinciale de la Formation, à Seraing, simulait l’écroulement d’un pont sur une brocante. Les 43 participants, représentants des 5 disciplines, ont chacun endossé un rôle, de coordinateur de la D1, d’intervenant (para)médical, de responsable communication, ….
Un « centre de crise » grandeur réelle a été installé, regroupant l’autorité concernée (communale dans ce cas, mais qui peut être provinciale ou fédérale selon le lieu et/ou l’ampleur de l’événement), un planificateur d’urgence et un représentant de chaque discipline, tandis que le poste de commandement opérationnel, le PC-Ops, a pris place dans le bus opérationnel de la protection civile, équipé de tout le matériel de télécommunication utile, et autonome en électricité si nécessaire. S’y trouvaient un responsable de chaque discipline afin d’organiser les lieux de l’intervention, de mettre en place les différents périmètres, d’échanger les informations avec les autorités au centre de crise, de veiller à la sécurité des intervenants, …
Dans la réalité, il peut aussi y avoir un représentant de l’institution touchée, par exemple le directeur si cela se passe dans une école, …, afin de donner des informations précises sur la configuration des lieux.
A l’issue de cet exercice, les disciplines ont procédé à un débriefing spécifique et transdisciplinaire, pour évaluer les actions de chacun et déterminer les améliorations à apporter.
Un gain de temps
Cette collaboration « est un gain de temps et d’efficacité. On sait que les autres intervenants connaissent nos besoins, nos impératifs » explique Quentin GREGOIRE, Commandant de la Zone Vesdre-Hoëgne-Plateau. « Je suis particulièrement intéressé par cette multidisciplinarité. C’est l’occasion de rencontrer des spécialistes des autres disciplines. En cas de crise, on se reconnait, on connaît les critères d’intervention des autres disciplines et cela facilite les interventions ».
L’importance de la communication
L’information est un élément qui doit aussi être parfaitement maîtrisé. Bien communiquer permet d’éviter les extrapolations, la panique, les fausses informations, … Jadranka LOZINA, porte-parole de la zone de police de Liège et D5 pour la Ville de Liège, a présenté aux participants l’importance d’une communication de crise maîtrisée dans de telles situations. « La communication de crise ne s’improvise pas. Il faut établir un plan de communication en amont, avant tout accident. Dans l’urgence, les contacts, avec la presse notamment, ne peuvent pas s’improviser » explique-t-elle.
Ensuite, en fonction de la catastrophe qui survient, de ses conséquences pratiques, il est important de diffuser la bonne information (évacuation par exemple), vers les citoyens et les médias. Comment ? Via les moyens disponibles. « Lors des inondations du mois de juillet, l’électricité ne fonctionnait plus et il a fallu diffuser des messages par haut-parleur, en porte à porte, … » ajoute-t-elle.
Avec l’omniprésence des réseaux sociaux et de la communication instantanée qui en découle, la nécessité absolue d’une communication officielle rapide et vraie est d’autant plus indispensable. « Actuellement, tout le monde est journaliste. L’information, vraie ou fausse, se répand très vite sur les réseaux sociaux. Il ne faut donc pas se taire ».
Le rôle de l’IPFASSU dans la gestion de crise
L’IPFASSU organise régulièrement ce type d’exercices et d’autres liés à la gestion de crise. Citons notamment la formation fédérale des directeurs du poste de commandement opérationnel, qui constitue l’organe de coordination opérationnelle entre le terrain et le centre de crise. Les cinq disciplines y sont également représentées.
Les événements de ces derniers mois ne font que renforcer la prise de conscience de la nécessité de ces formations. La Province de Liège, par l’intermédiaire de l’IPFASSU, met tout en œuvre afin d’offrir des formations utiles et de qualité.