Une élève du Lycée Jean Boets en finale d’un tournoi d’éloquence

Juliette Franck, élève au Lycée Jean Boets, a terminé à la 5e place du tournoi d’éloquence organisé par l’Athénée Charles Rogier. Rencontre avec une jeune fille passionnante… et passionnée !

Organisé depuis 35 ans, le tournoi d’éloquence de l’Athénée Charles Rogier est l’occasion, pour une trentaine d’élèves du 3e degré des écoles wallonnes et bruxelloises, de mettre en avant leur talent d’orateurs et d’oratrices. Une opportunité que Juliette Franck, élève au Lycée Jean Boets, a su saisir et qui l’a menée jusqu’en finale, où elle a terminé à la 5e place.

Juliette a également obtenu le prix du Centre d’action laïque (attribué au candidat ou à la candidate défendant le mieux les droits humains), le prix de Mme Christine Defraigne, Première Echevine de la Ville de Liège (récompensant l’auteur du texte le mieux écrit), ainsi que le prix de l’Union des anciens élèves de Liège 1, remis à tous les finalistes.

Bonjour Juliette ! Pourrais-tu te présenter ?

Je m’appelle Juliette Franck, j’ai 20 ans, je proviens du Luxembourg et je vis à Liège depuis 2 ans.

Tu es arrivée l’an dernier au Lycée, dans l’option « Sciences sociales et éducatives ». Quel a été ton parcours avant d’arriver à Liège et pourquoi ces études-là ?

On va dire que je n’ai pas un bon rapport à l’école et donc, j’ai changé d’écoles plusieurs fois. J’ai été au Luxembourg, puis à Arlon. Cela n’allait pas non plus et comme j’avais envie de prendre mon indépendance, je suis partie beaucoup plus loin. Je cherchais au départ une école qui avait pour option la philosophie et le Lycée est la première école sur laquelle je suis tombée.

Qu’est-ce qui t’a donné envie de participer à ce concours ?

Le hasard ! C’est parti d’un « cap’ ou pas cap’ » avec les copains. De toute façon, je me suis dit « Je n’ai rien à perdre ! ». Et comme je ne m’attendais pas à arriver aussi loin, c’est une belle expérience.

N’est-ce pas stressant de prendre la parole en public ?

Si, mais mon meilleur public, c’était ma classe. Ils m’ont soutenue, aidée, écoutée dans tous les cours, toutes les heures… Ils connaissaient même mon texte par cœur ! Ça aide de se dire que lorsque je suis face au public, je dois penser à ma classe et me dire que, finalement, c’est la même chose.

Il y a eu plusieurs étapes dans ce concours : comment t’es-tu préparée ? Toute seule ? Tu as travaillé avec un ou plusieurs profs ?

Pour mon premier texte, nous pouvions choisir le thème mais, comme je suis parfois indécise, on en a choisi un pour moi. Il y a une citation de Christian Bobin affichée dans notre classe : la prof m’a proposé de la sélectionner et j’ai réussi à trouver de l’inspiration pour écrire autour de ce thème.

On n’écrit pas un texte en une journée : ça se fait en plusieurs fois, à différents moments de la journée, que cela soit à trois heures du matin ou plus tard, ou dans le bus… Bref, n’importe où et n’importe quand. Et après, on le retravaille. J’ai eu l’occasion de le faire avec Mmes Smidom et Havet et M. Motte, mes professeurs de français, philosophie et histoire, qui m’ont aidée à reformuler mon texte. Et après, on s’entraîne à l’oral.

Pour l’oral, as-tu également travaillé avec des professeurs ? Ou seule ?

Les professeurs m’ont aidée pour voir à quel moment il faut faire une pause, parler plus fort, plus doucement, etc. Une fois que toutes les bases avaient été posées, je pouvais m’entraîner chez moi, devant un miroir. Le jour du concours, j’avais d’ailleurs également pris un miroir pour m’exercer avant le passage sur scène.

Pour recréer des conditions où tu te sens à l’aise ?

Oui, absolument. Au niveau des vêtements, aussi. Tous les autres candidats sont arrivés déjà habillés en costume et moi, je suis venue en jogging ! Je voulais d’abord être à l’aise pour écrire mon texte et puis après, je me suis changée. Se mettre en condition, cela change tout !

Te souviens-tu de ta première prise de parole devant un public ?

C’était l’an dernier lors d’un concours de lecture. Je ne pensais pas être aussi à l’aise. La meilleure chose, c’est de se créer des scénarios dans la tête : s’imaginer qu’on est présidente, qu’on doit convaincre des gens. Cela aide de se créer un personnage.

Tu avais également lu un texte à l’hôtel de ville de Liège à l’occasion de la Commémoration de la fin de la Seconde guerre mondiale, devant une assemblée constituée de personnalités politiques, d’anciens combattants, de militaires, etc. Un texte que tu avais vécu à 100% et qui avait impressionné !

Quand je lis un texte, j’ai un objectif : ne pas bafouiller mes conclusions. Je peux bafouiller partout mais pas mes conclusions. Cela m’est arrivé ce jour-là. Du coup, j’étais déçue. J’ai donc essayé d’oublier ce texte mais lorsqu’on m’a dit que cela ne s’était pas ressenti ou entendu, cela m’a mis un peu de baume au cœur.

Peut-on dès lors dire que tu es une perfectionniste ?

À l’oral, oui. Lors de la finale, certains ont bafouillé. On a toujours envie de faire ce que les autres ne font pas et je me suis donc fixé comme but personnel d’éviter que cela m’arrive. Mais il y a aussi toujours un peu de stratégie : pour le second texte, nous devions choisir une phrase parmi plusieurs propositions et je savais laquelle allait être la plus prise (NDLR : « La vie, c’est comme une bicyclette, il faut avancer pour ne pas perdre l’équilibre » d’Albert Einstein). Du coup, je me suis dit qu’au lieu de la défendre, il fallait remettre en question la citation pour me démarquer, dire que je n’étais pas d’accord avec cette phrase.

Prendre le chemin opposé, en quelque sorte.

Oui absolument. Ma première phrase était : « D’autres ce soir viendront défendre cette citation mais moi, j’ai une question à vous poser : pourquoi ne devrait-on pas perdre l’équilibre ? ».

Y a-t-il des sujets qui te passionnent dans la vie ?  

Oui bien sûr : tout ce qui tourne autour de la philosophie, de la psychologie, des valeurs ou encore des grandes causes.

Tes études, centrées sur le social, t’ont-elles aidée pour l’écriture des textes, pour l’orientation de ceux-ci ?

Je ne pense pas. J’ai surtout des professeurs très ouverts, très à l’écoute, qui vivent pour leurs élèves et je pense donc que les professeurs qui nous entourent et nous encadrent sont plus importants que l’option dans laquelle on est.

Pour la finale, à l’inverse de tes adversaires, tu n’avais pas écrit en « je » mais plutôt un texte qui parlait de manière plus générale, plus sociétale. Était-ce selon toi le petit « plus » qui t’a démarquée des autres ?

Ma touche à moi, ce sont les rimes, la poésie et c’est ce que l’on retrouve dans tous mes textes. Mais j’avoue que c’est difficile de se prononcer. Chacun a sa manière de faire. Je pense que l’éducation a aussi une certaine portée sur notre façon d’écrire nos textes.

Ton éducation forme ta façon d’écrire ?

Exactement.

Si tu devais décrire brièvement aux lecteurs les textes que tu as déclamés, que leur dirais-tu ?

Dans mon premier texte, celui que je préfère, la citation de Christian Bobin était « Ce qui ne peut danser au bord des lèvres s’en va hurler au fond de l’âme ». Dite ainsi, la phrase paraît compliquée à imaginer : les mots dansent, mais sortent-il vraiment ? Ce que j’explique, c’est l’histoire d’une jeune fille qui a des choses à dire, mais qui ne les dit pas parce que soit c’est tabou, soit parce que les adultes risquent de ne pas comprendre. Ce sont donc les mots qu’elle ne dit pas mais qui hurlent au fond d’elle.

Si tu voulais convaincre d’autres élèves de l’école de participer au concours l’an prochain, que leur dirais-tu ?

Je pense que j’aurais des phrases qui seraient peut-être un peu bateaux mais qui sont réelles : que le ridicule ne tue pas, qu’on a rien à perdre et que, de toute manière, on sortira de là grandi, enrichi. Que cela soit par les gens qu’on rencontre sur place, ceux qui participent, qui organisent le concours… Tout est une expérience ! On ressent un stress mais c’est un stress positif. On n’a rien à perdre.

Quand on est issue de l’enseignement technique, qui est malheureusement parfois dénigré, quel effet cela procure-t-il de gagner des prix tels que ceux que tu as reçus ?

C’est peut-être une belle revanche, en fait. Certains pourraient être convaincus d’avoir d’excellents résultats parce qu’ils viennent d’une école ayant une certaine renommée alors qu’au final, il n’y a pas de bonne ou de mauvaise école : il y a juste l’école où l’on se sent bien et c’est là où on réussit, finalement.

Tu es en dernière année : vers quelle voie penses-tu te diriger une fois sortie du Lycée ?

J’avoue que je ne sais pas. Peut-être continuer à explorer le monde de la philosophie ou celui du journalisme !

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